Le Val d'amour.
J’ai trouvé dans le livre de Gabriel Gravier "Franche-Comté Pays des légendes " que je vous recommande, l'explication sur l'origine du Val d'amour que je vous livre “in extenso ”.
Ce n'est pas, comme on pourrait le croire, en souvenir d'une antique histoire de cœur, si admirable soit-elle, mais par altération du mot Amaous. L'Amaous, c'était l'un des cinq pagii ou comtés de notre province à l’époque romaine, burgonde et franque. Sa capitale était Dole. Ce nom lui venait des Chamaves, prisonniers de guerre originaires de la Frise (Hollande du Nord) que l'empereur Constance-Chlore avait installés en grand nombre, avec femmes et enfants, à la fin du IIIe siècle, pour repeupler et remettre en culture la région doloise, dévastée par toutes sortes de fléaux.
Une vieille chronique parvenue d'âge en âge jusqu'à nous, tout en rappelant la fable grecque de Héro et de Léandre, confirme la tradition rapportée par l'historien Gollut. Elle nous a été conservée par Saint- Hilaire, évêque de Besançon en 314 (St Hilaire est le Saint Patron de Buffard, célébré par un repas le 14 janvier). Nous la donnons ci-dessous dans son ensemble, car elle est la version - traduite du latin, bien sûr - la plus ancienne et donc la plus fidèle que nous ayons de cette légende.
"Cinq à six siècles en ça, vivait Clair-Vent, un riche homme de Bourgogne, qui joignait la déplaisance à la fierté. Les tourelles de son château se miraient dans le lac de la Loue. Il avait une fille belle à ravir, et qui pourtant n'était pas mie glorieuse.
Cette jolie pucelle aimait un gent ménestreux de Mont-Barrey ; mais Rainfroi, dur et chiche, ne voulait pas qu'elle épousât le pauvre Philippe, et la vive Alicette fut mise en étroite prison, malgré ses pleurs.
Philippe alors creusa un chêne à l'aide du feu et, quand la lune était à son décours, il traversait le lac, guidé par un fanal qu'allumait la nourrice d'Alicette. Il baisait la main de sa mie à travers les barreaux de la tour et revenait content de la soirée. Mais sa boursette s'épuisa bien vite à payer la nourrice avaricieuse. La maudite goyne souffla une nuit son cierge et le canot mal dirigé dévala tout à fond. Philippe se noya tristement.
Peu de jours après, Rainfroi passa lui-même de vie à trépas, et sa fille libre enfin jura de retrouver son amant mort ou vif. Elle fit rompre à Parcey la digue qui retenait les eaux du lac, et l'on retrouva en effet à Chissey où il avait chust, Philippe déjà tout défiguré. "Alicette garda de lui perpétuelle souvenance et bâtit la chapelle d'Ounans, où elle fut inhumée à côté de son doux ami."
Sur cette gracieuse légende s'est greffée une chanson populaire dont voici un couplet :
Bel amant si vous y venez
J'y mettrai flambeau pour enseigne.
Tant que le flambeau durera,
Jamais l'amour ne finira.